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SKORN OF BANANA



The Seven Cities of Gold

Le jeu dont le but est de tuer des indiens ou réduire en esclavage des noirs... Trop cool !

Genre : Strategie / Année de sortie : 1984

Publié il y a un mois


Et voilà, avec The Seven Cities of Gold, j’arrive à la fin de ma petite rétrospective des jeux vidéo sortis en 1984. Allez, pour finir en beauté cette petite virée dans les années 84, quoi de mieux que de s’offrir un petit tour en bateau et prendre le large. Ensemble, redécouvrons cette incroyable époque aux côtés des conquistadors espagnols à la recherche du Nouveau Monde ! Une époque merveilleuse, la traversée de l'océan Pacifique, la découverte du nouveau continent et de toutes ces richesses, et surtout, et surtout.... TUER DES PEAUX ROUGES ET DES PUTAINS D’ESCLAVES N****, AAAAAAAAAAH !

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Enfant du soleil, tu parcours la terre et le ciel !

Pour ce nouveau jeu de gestion, on retrouve à la tête du développement une tête pensante bien connue de l’époque, Daniel Paul Bunten, le développeur de l’excellent M.U.L.E sorti une année plus tôt. Pour rappel, M.U.L.E était un jeu de gestion de ressources compétitif génial, l'un de mes jeux préférés de 1983. Pas étonnant de retrouver certaines mécaniques de game design efficaces avec ce nouveau jeu, tel que son gameplay très simple à comprendre et à jouer. À cette époque, la plupart des jeux de ce genre nécessitaient presque une semaine de formation, le nez plongé dans le livret, pour s'en sortir, moyennement sexy donc. Ici, c’est toujours très simple à prendre en main, les contrôle se résume à un joystick et son bouton, donc pas besoin de se casser la tête à retenir tous les obscurs raccourcis d'un clavier. Les deux phases de gameplay se comprennent très vite aussi malgré leur richesse de Gameplay, ce qui témoigne indéniablement du talent du développeur qui n’est plus à prouver. Le jeu aurait même dû être multijoueur comme M.U.L.E, mais face à la complexité du projet, cela a été annulé en cours de route.

Au lancement du jeu, on sera invité à choisir si on veut générer un nouveau monde ou non. Le monde de base étant celui de l’Amérique avec une reproduction assez fidèles de la localisation des anciens peuples, je vous recommande donc grandement de choisir celui-ci, la génération aléatoire servant surtout de belle vitrine technique pour le jeu. Ensuite, on vous demande la difficulté du jeu. Le mode novice permet de voir sur la carte tous les villages et d'avoir bien plus de ressources au début. Pour ma part, j'ai choisi la difficulté normale pour vivre pleinement l'expérience. Une fois ces choix faits, le jeu commence dans une très belle ville, et là, impossible de ne pas penser à M.U.L.E, avec son hub principal, avant de prendre le large.

Une très beau écran de jeu, surtout en 1984 !

Cependant, le but de cette ville est assez différent, le gameplay étant à part de celui de la phase exploration. Ici, on peut contrôler notre personnage tranquillement, sans aucune consommation de temps ou de nourriture, c’est vraiment pénard. On peut aller au château, ce que l'on fera à chaque retour d'exploration pour voir si l'or ramené et nos explorations combinées nous permettent d'atteindre un nouveau grade et une récompense. On peut aussi aller au pub pour sauvegarder (j'imagine que notre personnage se bourre la gueule comme pas permis). On peut aussi rentrer chez nous pour voir un résumé de notre exploration, puis pour voir aussi une chouette carte totalement illisible de notre exploration. Enfin, il y a le marchand qui vend de tout : équipage, hommes (oui), nourriture et enfin, les ‘goods’, ressources très importantes, car elles serviront à commercer avec les autochtones du nouveau monde.

Une fois prêt, direction notre bateau, et zou, on transite vers la nouvelle phase de gameplay, en direction des Indes fourbes. On commence au milieu de l’océan, et il suffit d’aller à l’ouest pour atteindre le continent. Partir dans l’autre direction, quelle que soit notre hauteur, nous ramène à la ville du début. En général, quand on débute, on se contente juste d’aller vers l'ouest pour atterrir dans les environs d'une côte qui a une bonne tête à abriter une ville appelée Miami plus tard… Bref, on accoste, on prend quelques hommes, des ressources et zou pour l’aventure ! Une fois à terre, l’unique vrai but du jeu est d'explorer le continent et de trouver les nombreux villages dispersés sur la carte.

Une fois en vue d'un village, plusieurs choix s’offrent à nous : soit on essaie d'adopter une approche pacifique, soit on laisse parler notre côté patriotique, N’EST-CE PAS ? Pour l'approche pacifique, il s’agira surtout d’essayer d'atteindre le chef de la tribu (au milieu du village en général, le seul glandu qui ne bouge pas) à coup de cadeaux et de distractions sommaires pour ces indigènes limités. Accomplir ces deux actions permet d’écarter de notre route les nombreux indigènes autour de nous, car sinon, le chemin vers le chef est assez compliqué. Car attention, entrer en contact avec un autochtone de façon maladroite peut le tuer (oui oui, un incident !), et tuer plusieurs autochtones peut créer un vrai incident diplomatique, entraînant la fuite du chef de village et rendant le village hostile. Si on évite ce merdier, on pourra commercer avec le chef, ou échanger nos précieuses ressources contre de la nourriture, et surtout, de l’or, précieux minerais, but de notre voyage. Ensuite, on pourra y retourner plus facilement pour continuer les échanges, afin d’épuiser les ressources à échanger avec le village.

Un jeu riche en détails

Mais sinon, il y a une manière bien plus simple que de s’emmerder à commercer avec un foutu chef indien inculte qui a une corne de buffle en guise de piercing aux couilles, c’est celle de tout simplement raser et conquérir un village. J’ai juste galéré dans mes premières parties, car j’ai mis du temps à comprendre qu’il faut appuyer sur le bouton tout en se déplaçant pour dégainer notre épée (même si dans ce cas, notre personnage ressemble à un putain d’aveugle avec sa canne), afin que les morts comptent (tuer les indigènes sans l’épée résulte à un combat sans fin). Sinon, les combats sont simples, il suffit de se diriger vers nos ennemis afin de les tuer, jusqu’à la réédition des indigènes, afin de pouvoir piller toutes les ressources sans avoir à faire du troc. La principale contrepartie de cette méthode, et son coup en hommes, bien que nos conquistadors soient bien mieux équipés, on n’échappera pas à quelques morts durant la pacification d’un village. Prendre le contrôle d’un village permet aussi d’y laisser nos hommes, afin d’y construire un petit fort, voire une mission, afin de faire encore plus plaisir au roi. Mais finalement, le choix entre pacifique et conquête et surtout moral, les deux fonctionne, la conquête est plus simple mais, c’est moins juste.

Et comme avec M.U.L.E, le précédent jeu du développeur, c’est dans les petits détails qui vont faire toute la profonde richesse du titre. Par exemple, conquérir un village ou faire du troc pacifiquement va nous accorder des porteurs à chacun de nos hommes, augmentant grandement nos capacités de transport ridicules de base. Ce qui fait que lorsque l'on accoste, on cherchera rapidement un village afin d’avoir des porteurs, pour ensuite pouvoir aller plus profondément dans les terres, la nourriture pesant lourd dans la besace. Ces mêmes porteurs seront d'ailleurs la clé pour trouver d'autres villages cachés, car en nous arrêtant sur la carte, ils pourront nous donner des indices sur la localisation d’autres lieux.

Mieux encore, il existe différents types de villages, cueilleurs, chasseurs, Inca, Azteque, et chacun a un comportement, des ressources et porteurs différents. Les chasseurs étant hostiles et n’ayant aucune or par exemple, ils sont les plus dangereux, et serviront juste à nous dépanner en nourriture en cas de coup dur, ou de chopper des porteurs dans des zones vides. En allant plus profondément dans les terres, chez les Incas par exemple (dans la chaîne de montagne à l’ouest de l’Amérique du Sud, les positions des tribus reprenant celles de la réalité), on pourra échanger une quantité incroyable d’or, en plus d’obtenir les meilleurs porteurs du jeu, indiquant les capitales proches et pouvant porter jusqu’à 5 fois plus que ceux de base. Néanmoins, l’accès aux Incas étant compliqué, il faudra être bien préparé et munis de porteurs de base, ne serait-ce que pour avoir assez de nourriture pour ne pas crever de faim sur la route.

L'exploration est fascinante lors de nos débuts!

Et faut avouer que j’ai adoré ce concept, durant une de mes sessions d’exploration de l’Amérique du Sud, j’ai été agréablement surpris à me prendre au jeu, car on ressent bien toute l’hostilité d’un monde inconnu, et tout simplement le danger d’une telle expédition. J’ai perdu des hommes en traversant des marécages, et faute de nourriture, j’ai été obligé de faire des arrêts dans des villages dangereux de cannibales, qui se sont finis en bains de sang, me faisant perdre encore plus d’hommes, mais me permettant de récupérer porteurs et un peu de bouffe dans leurs stocks (pas humaine j’espère). J’ai survécu comme ça longtemps, entre famine et conquête de villages hostiles, jusqu’à atteindre les Incas, pour y découvrir des cités pleines de fric, et enfin amicales. J’ai pu avec leurs porteurs me faire un max de thunes, et enfin rejoindre la côte est d’une traite ou m’attendait mes navires, pour constater que tous mes hommes sur les bateaux étaient morts de faim ! Une sacrée aventure que j’ai vécue, j’ai adoré, et je trouve que le jeu est particulièrement efficace pour nous faire vivre ce genre d’histoires uniques et immersives, où on se ressent vraiment dans la peau d'un explorateur !

Et comme dit plus haut, le niveau de détails minutieux dans ce jeu est impressionnant ! Par exemple, je ne t’ai pas dit que quand tu détruis un village, ceux dans les alentours du même peuple se passent le mot, et peuvent tourner hostiles immédiatement, voire même créer des embuscades sur le chemin. On peut par exemple aussi s’approcher de manière bien fourbe du chef du village, afin de l’assassiner, garantissant un combat bien plus court pour la conquête du village. Lors de notre retour aux villages conquis, on pourra même se rendre compte que certains où on avait laissé nos hommes se sont fait attaquer et massacrés, ou encore, dans ceux juste conquis, voir tous les indigènes fuir à notre approche. Durant nos explorations aussi, on sera à de nombreuses fois récompensé via une petite musique, en découvrant par exemple des chaînes de montagnes, rivières, etc., qui nous apporteront aussi des points afin d’atteindre une éventuelle promotion chez le roi. Ou à l’inverse, on peut perdre des hommes durant l’exploration, marécages et montagnes pouvant être dangereux à traverser, et c’est sans parler des hommes qui meurent durant le voyage en bateau, à cause de la fameuse « peste de la mer », ou scorbut, en des termes plus contemporains.

Un jeu riche, mais néanmoins assez vite lassant.

 

La boucle de Gameplay est donc assez simple : on fait le plein en ville, on explore le nouveau continent, et quand les cales sont pleines (ou quand c’est la merde), on rentre en Europe, et ainsi de suite. Le jeu a donc beaucoup de bons côtés, mais il a quand même certains défauts. Car oui, c’est bien cool d’explorer, mais à quoi bon finalement ? Je veux dire par là que, à part les titres du roi qui ne servent à rien, ben il n’y a rien d'autre à obtenir. Et au final, à part le délire RP rigolo de conquérir les terres d’un nouveau continent, le jeu n’a pas vraiment d’objectif, ni même de fin. Pas de possibilité de perdre non plus. Si on gère mal et qu’on crève durant une expédition faute de nourriture et d’hommes, le jeu nous fait simplement repartir d’Europe avec un nouveau Christophe Colomb bis. Aucune limite sur les années qui défile non plus, on peut juste atteindre le titre de vice-roi si on découvre 50% des villages du jeu avant 1540, mais à part ça… Le jeu continuera indéfiniment sans aucun souci. On pourra donc "s’amuser à faire la compétition contre un ami qui a aussi le jeu sur une période de temps pour savoir qui a fait le plus d’exploration", nous dit le manuel. Haha, trop bien… preuve que le développeur ne savait pas trop quel but final donner à son jeu… Mais bon, ce temps illimité vous permettra surtout de continuer votre partie sans pression afin de découvrir une des sept cités d’or par exemple…

Haha, la bonne blague que le titre du jeu. Car déjà, d’après ce que j’ai trouvé sur le net, il n'y en aurait qu'une cité d’or dans le jeu par partie, et celle-ci se génère aléatoirement sur la carte, sous la forme d’une montagne (donc si vous voyez une montagne dans une plaine, c’est elle). Pas moyen de la trouver en regardant sur le net à cause de son caractère aléatoire donc, et je n’ai pas réussi à la trouver pour ma part. J’aurais bien aimé, car je n’ai trouvé ni un seul screenshot ni d’infos vraiment concrètes dessus, un peu con vu le titre du jeu ! Mais rien à faire, j’ai abandonné cette quête au bout d’un moment, marre de crever de faim à explorer des marécages miteux. Massacrer et réduire en esclavage des peuples millénaires, c’est définitivement bien plus rigolo.

Toi donner moi pierres qui brille, sinon toi PAM PAM, toi avoir compris?

Finalement, je n’ai pas passé tant d’heures de jeu que ça sur cet opus, du moins, pas autant que sur M.U.L.E. Le jeu a beau avoir un concept très sympa, il est efficace surtout au début, quand on découvre les mécaniques, on vit nos premières galères, et découvrons les premières civilisations avancées. Mais la boucle de Gameplay tourne vite en rond, et faut bien avouer, on s’ennuie un peu vite quand même… Car une fois le jeu maîtrisé, on fait toujours la même chose, aller-retour entre les cités riches et le bateau, et c’est à peu près tout, l’exploration étant assez limitée une fois qu’on a compris que ça sera toujours pareil avec les villages. Pire, le jeu a de réelles lourdeurs qui rendent l’expérience assez pénible sur le long terme.

Par exemple, les forteresses et missions qu’on construit, les gens qu’on y met sont incapables de se nourrir seuls, une fois leurs stocks de nourriture épuisés, ils crèvent de faim comme des grosses bites, vraiment con, d’autant plus quand on connaît toute l’histoire avec les plantations remplies d’esclaves à cette époque ! Puis hors de question d’aller les ravitailler en nourriture moi-même, nos capacités de transport sont déjà bien trop réduites pour se nourrir soi-même sur plus de deux kilomètres, et même avec des porteurs (qui disparaissent en plus si on reprend le bateau pour bouger, un enfer), on peine à transporter plus de 15 miches de pains en même temps, très vite pénible à gérer, même avec les transporteurs Incas.


Il faut prendre ce jeu comme il est, un excellent jeu d’exploration et d’aventure sans véritable but autre que celui d'y créer ses propres histoires immersives, à la manière d’un Lords of Midnight sorti la même année. Des jeux qui ont donc forcément vieilli, car leur intérêt tout entier réside dans l'immersion, et pour un jeu vieux de 40 ans, c’est forcément plus compliqué de ressentir ce feeling qui s’est étiolé à travers les âges. Un excellent jeu tout de même, pas aussi marquant que le précédent jeu du développeur, mais néanmoins un jeu fondateur qui sera, comme pour M.U.L.E, une grande source d’inspiration pour les futurs jeux d’exploration/stratégie.

8/10

visage du gardien de Ultima 7

Un jeu formidable qui m'inspire, j'en ai d'ailleurs écrit une chanson épique que je chante parfois à la taverne de Jhelom !
Bien que le créateur de ce site (qui semblerait venir du même monde que l'Avatar d'après les légendes) ne place pas ce jeu parmi ses plus grands coups de cœur, il y a tout de même passé un excellent moment !
Au passage, êtes-vous au courant que j'ouvre une nouvelle boutique d'archeries à Buccaneer's Den, en face des bains ?